La suite du voyage nous emmène au cœur de la Cappadoce, dans le petit village de Göreme, où nous avons commencé à retrouver notre statut (moins agréable) de touriste occidental. Nous avions décidé de passer 3 jours sur place, même s’il aurait fallu plusieurs semaines pour découvrir toutes les merveilles offertes à nos yeux.
Le coin est célèbre car il est truffé de grottes creusées dans la roche volcanique tendre. Celle-ci s’érode continuellement ce qui donne des paysages splendides et changeant continuellement au fil du temps.
Les habitants ont profité de cette caractéristique naturelle pour tailler des abris dans la roche, puis des maisons, des églises et un village troglodyte. Aujourd’hui, un site protégé regroupe les grottes les plus belles et les mieux conservées.
On peut notamment y voir des églises orthodoxes ornées de très belles peintures qui ont conservé un état remarquable grâce au peu de lumière pouvant entrer.
Certaines d’entre elles montrent des décorations de l’époque iconoclaste. Décrétée en 730 par l’empereur Romain d’Orient, cette doctrine, influencée par les pratiques musulmanes qui interdisent la représentation de Dieu, de peur de tomber dans l’idolâtrie, a imposé la destruction des icônes représentant Jésus ou les saints. Les artistes ont donc peint des symboles et des lignes géométriques sur les murs des églises.
Mais les humains et les saints ne sont pas les seuls habitants des grottes de la région ; il y a aussi des pigeons ! Au temps où les engrais chimiques n’avaient pas encore envahi les terres agricoles, le meilleur moyen de fertiliser le sol dans cette région était d’y répandre de la fiente de pigeon. Si bien que ces oiseaux étaient considérés comme une richesse. De nombreux pigeonniers ont été creusés dans la roche, avec des accès astucieux afin que seuls un homme et un pigeon puissent y pénétrer, et pas un renard.
On peut en voir ici l’intérieur car la façade s’est effondrée sous l’effet de l’érosion, mais ces pigeonniers étaient à l’origine fermés. Ces oiseaux étaient très respectés également pour leur symbolisme religieux. Pour les chrétien, il représente l’esprit saint (comme la colombe) et les musulmans lui accordent également une signification particulière.
Les grottes sont tellement nombreuses dans le village de Göreme que beaucoup d’hôtels et de pensions proposent des chambres troglodytes. La nôtre avait même un salle de bain taillée dans le roc !
Nous avons aussi eu droit à une visite guidée d’une maison par un de ses anciens habitants. Aujourd’hui le village troglodyte n’est plus habité car l’érosion a détruit une partie des maisons et menace celles qui sont encore entières.
Mais le must de notre séjour aura été la balade en montgolfière. Il faut se lever tôt pour pouvoir profiter de l’air encore froid du matin, mais quels magnifiques paysages on peut alors découvrir ! En plus, comme tous les ballons décollent à peu près à la même heure, on peut admirer un ciel parsemé de taches de couleurs.
La vue panoramique depuis le ciel nous montre des montagnes et des vallées déchiquetées par l’érosion.
Certaines montagnes ressemblent même aux fontaines de chocolat fondu que l’on voit dans les vitrines au moment de Pâques.
Par endroits, une pierre en basalte, plus résistante à l’action corrosive de l’eau et du vent, a protégé les roches en dessous, créant des formes de champignons que les gens appellent « demoiselles coiffées » ou « cheminées de fée ».
Parfois, quand la topologie du lieu s’y prête et que le vent souffle fort, certaines pierres arrivent même à se loger sur la tête des touristes :
Après ces quelques jours passés en Cappadoce, nous avons continué notre périple en bus vers Ankara puis, enfin, Istanbul…